La différence entre la cinématographie de fiction et la cinématographie documentaire

La différence entre la cinématographie de fiction et la cinématographie documentaire

La cinématographie est l’art de capturer des images en mouvement, mais la manière dont cette pratique est abordée varie considérablement entre la fiction et le documentaire. Alors que la cinématographie de fiction vise à créer un monde fictif, scénarisé et contrôlé, la cinématographie documentaire se rapproche de la réalité en capturant des événements réels dans des conditions souvent imprévues. Dans cet article, nous explorerons les principales différences entre ces deux approches, en mettant l’accent sur la création d’images, le traitement de la lumière, le cadrage, ainsi que l’approche narrative et la relation au sujet.

1. La création d’images : scénario vs. spontanéité

La principale différence entre la cinématographie de fiction et celle du documentaire réside dans la nature des images créées. Dans la fiction, chaque scène est prédéterminée, de l’écriture du scénario à la mise en scène. Les images sont soigneusement composées et répétées afin d’obtenir l’effet visuel et émotionnel voulu. Le directeur de la photographie (DOP) travaille en étroite collaboration avec le réalisateur pour créer une vision précise du film, avec des plans et des mouvements de caméra planifiés pour renforcer le récit.

Cinématographie de fiction : contrôler chaque détail

Dans la fiction, chaque image est contrôlée et orchestrée. La mise en scène, les décors, l’éclairage et le placement des acteurs sont conçus pour correspondre à l’univers imaginaire du film. Par exemple, dans un film historique ou de science-fiction, la création du monde (en décor ou en effets spéciaux) doit être parfaite pour maintenir l’illusion du réalisme. Le DOP doit souvent utiliser des éclairages artificiels pour créer l’atmosphère souhaitée et manipuler l’ambiance émotionnelle de la scène.

Cinématographie documentaire : capter la réalité brute

En revanche, la cinématographie documentaire repose sur l’improvisation et la capture de moments spontanés. Le DOP doit être prêt à réagir à des situations imprévues, en capturant des événements réels dans leur forme la plus brute. Dans un documentaire, le but est de représenter le monde tel qu’il est, sans artifice ni manipulation excessive. Cela signifie souvent que les choix de lumière et de cadre doivent être faits rapidement et parfois de manière réactive, sans possibilité de refaire une scène. Le défi du documentaire réside donc dans la capacité à trouver une esthétique dans la réalité, à capturer des instants de vérité.

2. Le traitement de la lumière : style contrôlé vs. lumière naturelle

L’éclairage est un élément central de la cinématographie, mais il est traité différemment dans la fiction et le documentaire en raison des objectifs distincts de ces deux genres.

Cinématographie de fiction : lumière artificielle et directionnelle

Dans la fiction, l’éclairage est souvent artificiel et manipulé pour créer une atmosphère précise. Le DOP utilise des sources lumineuses contrôlées (projecteurs, néons, réflecteurs) pour orienter l’attention du spectateur, accentuer les émotions des personnages, ou renforcer l’intensité d’une scène. Par exemple, une lumière dure et tranchée peut être utilisée dans un thriller pour renforcer la tension, tandis qu’une lumière douche et diffuse est idéale pour une scène romantique ou intime. Les jeux d’ombres et de lumières sont utilisés pour accentuer l’aspect dramatique de l’histoire.

Cinématographie documentaire : lumière naturelle et authenticité

En revanche, dans la cinématographie documentaire, l’éclairage est généralement naturel ou du moins, peu contrôlé. Les documentaristes privilégient la lumière ambiante et utilisent souvent les conditions d’éclairage réelles d’une scène (lumière du jour, lumière d’un intérieur, etc.). Le but est de capturer l’authenticité du moment sans interférer avec les éléments naturels. Cela peut rendre certaines scènes plus difficiles à filmer, mais cela ajoute à la vérité brute du documentaire. L’utilisation de la lumière dans ce contexte vise avant tout à respecter l’intégrité du monde réel.

3. Le cadrage et la composition : esthétisme dirigé vs. spontanéité visuelle

Le cadrage dans les films de fiction est souvent plus précis et calculé, tandis que dans le documentaire, il est plus flexible et réactif à l’environnement. La composition visuelle dans un film de fiction est conçue pour renforcer la narration et guider l’émotion du spectateur.

Cinématographie de fiction : cadrage stylisé et symbolisme

Dans un film de fiction, chaque plan est composé avec soin pour transmettre des informations visuelles claires. Les cinéastes utilisent des règles de composition, telles que la règle des tiers ou les lignes directrices, pour guider l’œil du spectateur. Le cadrage peut aussi être utilisé symboliquement : par exemple, un personnage placé dans un coin de l’image peut être perçu comme isolé ou opprimé, tandis qu’un personnage au centre de l’image peut suggérer une position de pouvoir. Le mouvement de caméra peut également être soigneusement orchestré pour exprimer des idées spécifiques, comme la tension ou la liberté.

Cinématographie documentaire : cadrage réactif et immédiat

Dans un documentaire, en revanche, le cadrage est souvent beaucoup plus réactif à ce qui se passe autour du caméraman. L’opérateur de caméra doit s’adapter aux situations en temps réel, sans avoir le luxe de préparer chaque plan à l’avance. Le but ici est de capturer l’instant, souvent sans chercher à composer une image parfaite. Le cadrage dans un documentaire peut parfois sembler plus désordonné, mais cela fait partie de la représentation fidèle de la réalité.

4. L’approche narrative : fiction scénarisée vs. réalité vécue

La différence la plus marquante entre la cinématographie de fiction et la cinématographie documentaire réside dans la nature de la narration elle-même. Les films de fiction suivent une structure scénarisée, tandis que les documentaires dépendent souvent d’une narration ouverte et d’une réflexion spontanée sur des événements réels.

Cinématographie de fiction : narration linéaire et contrôle

Les films de fiction suivent généralement une narration linéaire, avec des rebondissements, des résolutions et une structure dramatique prédéfinie. La cinématographie soutient cette structure en créant une atmosphère qui guide l’émotion et l’intensité de l’histoire. Le DOP travaille de concert avec le réalisateur pour s’assurer que chaque scène renforce la narration.

Cinématographie documentaire : narration non linéaire et exploration

Le documentaire, en revanche, souvent explore des sujets sans un plan rigide, ce qui rend la narration beaucoup plus fluidifiée. Le DOP doit capturer les moments clés, en permettant au sujet de se développer naturellement. La structure du documentaire peut être influencée par ce qui se passe sur le terrain, et le montage devient un outil essentiel pour donner sens à des événements qui ne suivent pas toujours une logique traditionnelle.

5. Conclusion : deux visions du monde à travers l’objectif

La cinématographie de fiction et la cinématographie documentaire sont deux disciplines qui, bien que partageant un certain nombre de principes techniques, diffèrent profondément dans leurs objectifs, leurs méthodes et leur relation au monde. La fiction cherche à créer un univers imaginé, contrôlé et scénarisé, tandis que le documentaire cherche à capturer l’authenticité de la réalité. Dans chaque cas, la cinématographie devient un outil puissant pour renforcer l’histoire et transmettre des émotions, qu’il s’agisse d’une fiction soigneusement construite ou d’un documentaire brut et spontané.

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